Au pays des dragons – Pékin

0 | 27 octobre 2013

 La Cité Interdite – Pékin

Porte de la Paix Céleste (ou Porte Tian’Anmen) – le portrait de Mao veille et surveille la foule qui franchit la porte. Deux autres portes suivent la première : la Porte du Midi et celle de l’Harmonie Suprême. Après chaque porte, une cour, remplie aujourd’hui par une foule de touristes et autrefois par l’empereur et ses serviteurs. La Cité Interdite est devant nous, offerte et ouverte aux yeux de tous. Lieu secret et sacré, siège politique imprenable, protégée par de hauts murs. De l’extérieur, on ne devine ni son existence ni son étendue. Les palais se succèdent les uns aux autres. Se perdre dans les ruelles de cette mini-ville au milieu de la grande.

Près de la Porte du Génie Militaire, on découvre, au détour d’un virage, le Pavillon de la Tranquillité Impériale, véritable jardin aux merveilles… des pavillons au sommet de rochers, des arbres centenaires, des bassins avec des poissons, le reflet de l’eau sur les murs,… un havre de paix. Un jardin où bâtiments et nature ne font plus qu’un. Faire abstraction des dizaines et des dizaines de touristes qui passent, et apprécier la beauté, la tranquillité du lieu…

« la Nature est un temple où de vivants piliers

laissent parfois sortir de confuses paroles

l’Homme y passe à travers des forêts de symboles

qui l’observent avec des regards familiers ».

Ces quelques vers de Baudelaire me reviennent… Calme et volupté.

 On foule de nos pieds cette terre et ces pierres qui ont vu passer nombre d’empereurs et de personnages politiques plus qu’importants en Chine. La Cité Interdite devient alors vivante le temps d’une visite, d’un après-midi. Ce n’est plus seulement un lieu présent dans les livres d’Histoire ou dans les romans, elle a dorénavant un aspect, un plan, des couleurs, des bruits, une architecture… Voilà la Chine, la vraie, celle de nos propres images, de nos propres fantasmes, celles des clichés avec les angles des toits des pavillons relevés et les jardins, lieux de méditation et de repos, celle des livres de photos, celles des films, des romans,…

Dans ce lieu historique et sacré, entouré par la modernité, la Chine renaît et se relève, toujours plus forte et plus surprenante… « quand la Chine s’éveillera, la monde tremblera », c’est ce que semblent dire les murs ici… la vieille Chine n’est pas morte, elle n’a pas encore disparue et reste fière de ses traditions, de son Histoire, de ses erreurs, de sa grandeur passée, de ses drames et massacres, de ses dynasties éteintes, de son communisme, de sa poésie et de sa philosophie… de ce qu’elle était et de ce qu’elle est… en pleine transformation, en devenir. La Chine qui se mondialise et s’occidentalise n’oublie cependant pas tout ce qu’elle a derrière elle…

Et pourtant, la Cité Interdite, une fois passée la Porte Nord, semble montrer le déclin de la Chine traditionnelle. La porte se referme sur le passé impérial de ce pays, de cette ville. Symbole même de la Chine, la Cité Interdite ne laisse pas indifférent, mais une fois la surprise et l’émerveillement passés, elle laisse un goût amer, celui d’un passé peut-être trop vite révolu, et abandonné, délaissé au profit d’une mondialisation trop rapide et qui ne colle pas avec l’image que l’on a de ce pays… Le temps des grands empereurs et de Mulan paraît bien loin quand notre regard se pose sur les immenses buildings, les voies rapides où circulent sans cesse bus, taxis, camions et voitures. La Chine s’est-elle perdue dans cette évolution forcée et acceptée ? Elle efface en tous cas peu à peu les traces de ce grand passé, oublie peu à peu ses traditions et s’occidentalise à vitesse V. La Cité Interdite devient un lieu protégé, patrimoine de l’humanité, un musée de plusieurs kilomètres de long et de large. L’âme des pavillons et des jardins tend à disparaître, emportée par une vague de téléphones portables, de touristes, de McDo, de banques,… Nostalgie surprenante en regardant les eaux des douves qui entourent la Cité. Quelle vie devait animer cet endroit, ce labyrinthe, ce dédale d’allées et de cours intérieures ! L’imaginaire s’envole et en y croyant un peu, on peut presque voir l’empereur sur son trône ou les concubines discuter dans leur palais…

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