L’heure du retour

0 | 12 octobre 2014

Dernière nuit à Shanghai

L’heure du retour a sonné. Ce soir, pour la dernière fois, je m’en vais coucher avec la Chine. Et demain ce pays ne sera plus qu’une tache sur la carte, un souvenir vaste et vague, une multitude d’impressions et de sensations, mais plus rien de palpable.

La Chine va se dérober de sous nos yeux, mystérieuse et attirante ; on va s’éloigner d’elle mètre par mètre, pour rejoindre Moscou puis Paris. La moitié de la terre va défiler sous nos pieds sans qu’on ne s’en rende compte, et seules les aiguilles du réveil restées à l’heure chinoise témoigneront de la distance parcourue dans le temps et l’espace.

J’ai le cœur qui bat fort à l’idée de l’arrivée à Paris. J’ai le ventre qui se tort à l’idée de marquer le mot « fin » sur mon carnet. J’ai la gorge qui se noue face au souvenir de tout ce qu’on a vécu et qui est déjà fini…

Aéroport de Pékin

Ca y est, c’est fait, on a quitté le sol et le territoire chinois, et bientôt la Chine toute entière sera loin derrière nous. Pékin, Shanghai, Xi’an, Qingdao, Jinan… tous ces noms si prometteurs qu’on laisse derrière nous. On va retrouver Paris, La Rochelle, Nantes, Savigny. D’autres noms, d’autres lieux, d’autres rêves… La baguette va redevenir fourchette, alors que le « xie xie » va redevenir « merci » ; le thé ne va plus s’appeler « cha » et personne ne nous regardera bizarrement. Les caractères auront fait place aux lettres et il y aura de l’eau chaude à toute heure. Le Bang va devenir le Loufoc, mais Carrefour restera Carrefour. Les voitures laisseront passer les piétons sans klaxonner. La bière va redevenir eau et le « xi ning ji pai » des pâtes au gruyère. Le portable va à nouveau sonner et les émissions de télé ne seront plus peuplées de samouraïs.

On change de monde, on en abandonne un pour en retrouver un autre.

J’ai goûté aux délices de l’Orient, croisé des dragons et dansé sous des lampions. J’ai foulé le sol de la Cité Interdite et gravi la Grande Muraille. Je me suis assise sur la montagne aux nuages le temps d’un dessin. Je me suis posée au bord du lac de l’Ouest pendant une nuit. J’ai bu de la Tsingtao et mangé du « jing jiang rou si ». J’ai pris le bus 104 presque chaque jour. J’ai vu la montagne Laoshan et visité des temples.

1er pied posé en Asie réussi… un cocktail, un premier cours en tant que prof, une baignade dans la Mer Jaune, une mini croisière, une soirée karaoké, une brochette de vers à soie, une partie de scrabble, une soupe de légumes avec du pain frais, une nuit dehors à Hangzhou,  une partie de dianzhe, trois jours malades, une nuit sur un évier, un tube chinois, une casquette de Mao, un bus attendu pendant longtemps, un réponse à donner pour l’année prochaine, une dernière bière sur la terrasse de l’auberge. Deux regards qui traînent sur chaque immeuble, affiche ou balayeur de rue. Deux regards qui disent la même chose. Deux regards qui disent au revoir à ce pays… au revoir et pas adieu…

A mesure que l’avion s’éloigne de la Chine, j’ai l’impression que tout s’efface et que ce voyage n’a jamais eu lieu.

Transit à Moscou

Même escalier, même position qu’il y a deux mois. Mes mains se mettent à trembler et ma gorge s’assèche à la relecture du carnet. Un peu plus et les larmes pourraient couler sur le visage des deux pandas, perdus entre la Chine et la France, perdus entre les lampions et la Tour Eiffel, perdus entre un passé encore trop présent et un avenir qui arrive finalement trop vite…

10000 km parcourus dans l’autre sens. Une page se tourne peu à peu. On est parties au bout du monde et on est revenues.

A la beauté de ce rêve qui se termine Terminal 2C, aéroport Roissy Charles de Gaulle.

Qu’il est petit mon pays et que la Chine est loin !

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