Départ pour Pékin

20h20 – « On a dix minutes pour acheter nos billets, vite ! Par là… Non, par là… On voudrait deux billets pour Pékin – liang piao Beijing – quoi ? on y va comme ça, sans billet ? on monte dans le train ? ok ok, allez go ! Voiture 7 ? mais pourquoi ? on n’a pas de billet – mei you piao -… on monte quand même ? ok ok. On peut acheter des billets ici, dans le train… passe l’argent… c’est bon ! »

20h55 – Et nous voilà donc assises dans 1 m² dans le train T196 direction Beijing. On va passer 10h là, entre le mur et la porte du wagon ?… mais non, on se fait rapidement déloger et on jette alors notre dévolu sur l’évier à côté des toilettes puisqu’il n’y a pas de place ailleurs. Au moins, on est assises… Avec dans les sacs deux T-shirts, l’appareil photo, un paquet de gâteaux et le Routard, on the road again les deux aventurières !

23h20 – en vrac à deux sur l’évier, des fourmis dans les pieds, le dos coincé entre le mur et une barre en métal, le sac entre les jambes et la tête dessus… entourées par un militaire et un homme en costard qui dorment debout. Mais qu’est-ce qu’on fait là ?! A chaque arrêt, les wagons et les couloirs se remplissent de plus en plus. La nuit promet d’être longue, très longue…

Place Tian’anmen

La place Tian’anmen, centre politique et géographique de Pékin laisse une drôle d’impression. Alors c’est ça Tian’anmen ? Les photos et les récits historiques hantent mon esprit alors que je foule d’un pas anodin cette place, envahie par les touristes, une place comme tant d’autres au premier abord. Et c’est alors dur d’imaginer qu’il y a quelques années, les chars entraient sur cette place pour réduire au silence de nombreux étudiants. Tout ça est peu à peu recouvert par la poussière et par le bruit d’une ville moderne, lancée sur la route de l’évolution, du développement international et qui ne regarde pas en arrière.

Mais qu’espérait-on trouver ici ? Qu’attendait-on de cette ville ? Les images des romans de Segalen ou Lao She ?… Non, on a face à nous LA Chine du XXIe siècle, dans tous ses contrastes et ses contradictions ; dans un entre-deux… à la fois traditionnelle avec ses lampions, ses pousse-pousse et ses hutong ; et moderne avec ses entreprises étrangères et ses magasins de luxe… Paradoxe de la Chine qui surprend, met mal à l’aise et trouble l’étranger qui pose son regard sur ce monde en pleine mutation. Pékin n’est pas ce qu’on avait imaginé… Pékin n’est plus ce qu’il était… mais jusqu’à quel point ?

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