GALERE N°1

Pas de douche sur le bateau, bien sûr. On procède donc à la toilette minimaliste des baroudeurs : eau sur le visage, brossage de dents et le tour est joué ! A quand une vraie douche ?

PLAISIR N°2

Le bus K900 qui mène à la gare est juste devant l’embarcadère et on obtient nos billets de retour pour Shanghai sans problème. Première victoire de la journée ! A croire que la chance, pour une fois, nous sourit dès le matin…

GALERE N°2

On part à la recherche de l’auberge de jeunesse : Zhejiang Daxue Yinbin Lou ; qui est introuvable ! Après 1h30 de marche à pied sous un soleil écrasant, avec le sac qui semble peser de plus en plus lourd, on trouve enfin la ruelle. Mais l’auberge n’existe plus et tous les autres hôtels sont trop chers pour nous…

PLAISIR N°3

Concertation à l’ombre sur le trottoir et plan de secours. On retourne à la gare, à l’autre bout de la ville vous l’aurez compris, par le bus K900. On change nos billets moyennant 20% de retenue et on en achète des nouveaux, moins chers que les autres. Hourra !

GALERE N°3

Retour dans le centre, toujours par le même bus. Le bus crève et on doit en changer. La chance nous quitte peu à peu, à notre plus grand désarroi.

PLAISIR N°4

Mc Do… enfin un repas consistant, digne de ce nom. Il est bien loin le restau de mardi soir à Suzhou.

GALERE N°4

On reprend la marche sous un soleil toujours plus chaud. Les épaules prennent feu et rougissent à vue d’œil… on n’est pas loin du coup de soleil et évidemment, on n’a pas de crème solaire…

PLAISIR N°5

Enfin, le lac d’Ouest s’offre à nous ! Moment tant attendu qui tient toutes ses promesses. Fraîcheur des arbres et de l’eau, des montagnes bouchent l’horizon dans un dégradé de couleurs, des bateaux à la chinoise se laissent tranquillement glisser sur les flots, reflets du soleil sur le lac. La récompense d’une matinée difficile. Calme du lieu qui repose nos corps endoloris et nos âmes fatiguées. On laisse notre regard flotter où bon lui semble, être attiré par quelques branches qui trempent dans l’eau. On aspire à pleins poumons l’air et l’atmosphère de l’endroit. Voilà un véritable coin de paradis ; la beauté représentée par cette trouée de verdure et d’eau, le calme porté par une légère brise… 1h30 de paix, à lire, à rêver, à regarder à l’infini les vagues se former doucement et les barques passer devant nous…

GALERE N°5

Le charme du lieu nous fait perdre la notion du temps et on est en retard pour notre train. On court dans les rues, avec les sacs sur le dos, la chaleur encore présente et la moiteur qui colle à la peau.
Enfin un taxi vide ! Le trajet, hélas, est trop long ou le taxi pas assez rapide ; quoiqu’il en soit, on rate notre train après une course folle dans la gare… on ne peut pas être plus dans la galère là ! 60 yuan de perdus en tout dans les échanges de billets et le train raté, pas de logement pour ce soir et la colère qui monte peu à peu face à la situation. On se pose devant la gare, perdues, seules, sales et affamées… une seule solution, dormir dehors. Des rires nerveux entrecoupent la conversation. On va passer une nuit dans les rues de Hangzhou… !

PLAISIR N°6

De retour dans le centre (et oui !), on se pose au bord de l’eau et on admire la vue by night sur le lac. Les montagnes éclairées se transforment alors en un lieu presque magique et irréel. Un spectacle son et lumière avec les jets d’eau commence. Sourire aux lèvres face à ce feu d’artifice nautique et musical.

GALERE N°6

On reprend la route jusqu’au marché de nuit. Les rues semblent ne jamais se terminer. Les pieds et les mollets commencent à souffrir sérieusement. Yan’an Lu, on la maîtrise maintenant.

PLAISIR N°7

Arrivées au marché de nuit, on savoure brochettes et nouilles pour la modique somme de 11 yuan. Le ventre rempli, on se balade entre les magasins et les stands, dans la fraîcheur du soir,  ravies de cette animation nocturne et de ces couleurs et odeurs environnantes.

GALERE N°7

On reprend la route, inlassablement, mais le corps a de plus en plus de mal à suivre. Les pieds rechignent à avancer et les épaules hurlent de douleur. Une pause s’impose.

PLAISIR N°8

Un magasin de fruits et légumes est encore ouvert et on s’assoit à côté pour profiter de la lumière et de la présence rassurante des vendeurs qui s’approchent chacun leur tour pour nous regarder écrire. Il est minuit et demi, plus que six heures avant le départ de notre train.

GALERE N°8

Le magasin fermant, on se décide à quitter cette rue qui, dans peu de temps, va devenir sombre et vide de tout passant. Afin d’éviter les rues peu engageantes, on rejoint Yan’an Lu puis Nanshan Lu au bord du lac. Là, il y a encore quelques passants, des taxis, des éboueurs. On entre dans le parc et on s’enfonce dans les allées parcourues il y a plusieurs heures de ça, sous le soleil.

PLAISIR N°9

Tout est calme aux abords du lac. Quelques jeunes discutent sur les bancs. Choisissant une place stratégique sous un lampadaire, on pose les sacs. La montagne est devenue sombre et seul le rivage est éclairé de points blancs et lumineux, qui se reflètent dans l’eau. Il fait bon et on n’est pas si mal que ça en fait, étant donné la situation.
Un poisson saute hors de l’eau et replonge. Pas un souffle de vent. Tout le parc et le lac semblent endormis et on devient alors les témoins, les gardiens du sommeil de ces eaux et de ces arbres… La nature parait figée, immobile, arrêtée. Plus rien ne bouge autour de nous. Le froid nous gagne peu à peu, après la chaleur de la journée. Le tic-tac du réveil égrène lentement les secondes. Silence. Un souffle de vent vient parfois remuer les branches des arbres. Le crissement des stylos sur le papier. Je suis fatiguée, mon corps se repose mais ma tête tourne à toute vitesse, traverse les continents. Calme autour de nous, on est seules. Comme perdues, dans une autre dimension, sur une autre planète. Mais qu’est-ce qu’on fout là ? Cette question ne nous quitte pas… et nous fait maintenant sourire. Ce qu’on fait là ? On vit. On ne compte plus les heures sans sommeil ni les heures de marche, ni les kilos sur le dos, ni le peu de nourriture avalée. Ni de quoi demain sera fait. Ni de quoi hier a été fait. Instant présent. Temps de pause qui semble durer. Une envie folle d’enlever la pile du réveil, pour que les secondes et les minutes s’arrêtent et se figent. Juste un peu. Que la terre tourne, mais que nous, on reste là… On a frappé sans le savoir à la porte du paradis…Mais hélas les aiguilles du réveil posé devant nous par terre continuent de tourner comme pour nous indiquer que le temps n’a pas arrêté sa course et que la terre n’a pas cessé de tourner, même au paradis…
Epuisées par cette journée, cette longue et interminable journée on teste les limites de la résistance. Une fois cette nuit passée, quand le haut des montagnes blanchira, on pourra alors dire que l’on est des braves à tout jamais !

GALERE N°9

Le gardien du parc vient nous parler et on comprend, peut-être à tort, que l’on doit partir. On remet les sacs sur le dos, une fois de plus. On se dirige lentement, très lentement vers la gare. Encore quelques personnes, des taxis et même un bus dans les rues de Hangzhou ! Cette ville ne dort donc jamais ?
Quelques oiseaux commencent à chanter alors qu’on arrive à la gare, après un énorme fou rire. Il est maintenant 4h45. Le ciel s’éclaircit doucement…

PLAISIR N°10

Toilette rapide dans la gare : le visage et les dents. Ça va déjà un peu mieux.

Ça y est, on l’a fait, 24h réveillées dans les rues de Hangzhou !